lundi 25 août 2014

Réflexion : Rater sa vie. Culpabilité, responsabilité, jugement et éceuils de notre civilisation

N'est-ce pas étrange comme concept que celui de dire que l'on peut rater sa vie ?
Comme si nous savions précisément ce qu'il fallait faire pendant le temps que nous avons à vivre. Comme si l'on nous avait remis à la naissance les clefs de notre destin, le mode d'emploi de l'existence et qu'il fallait s'y tenir coûte que coûte.
Mais ce n'est pas le cas, personne n'a reçu le mode d'emploi !


Comment pourrais-je rater ma vie ?
Pour "rater" ou "réussir" quelque chose, il faut le comparer, il lui faut un référent, il lui faut jugement, rater c'est toujours par rapport à quelque chose, à quelqu'un, par rapport à un but.
Comparer ma vie à quoi ?
  • Aux autres :
Je ne peux pas connaître la vie des autres, je peux m'en faire une idée mais celle-ci m'appartient encore, elle reste subjective. Je ne suis pas eux pour connaître et ressentir ce qu'ils ressentent, pour vivre ce qu'ils vivent, pour être eux-mêmes. Vous qui êtes vous-même arrivez-vous à voir avec clarté votre vie, à en comprendre tous les enjeux et ce qu'il s'y passe en tout temps, en totalité. Non bien sûr, alors vous comprenez aisément que vous ne pouvez vous comparer à qui que soit.  
  • Comparer nos vies par ce que nous faisons et ce que nous avons :
Les circonstances changent et évoluent en permanence. Pour comparer véritablement, il nous faudrait avoir les mêmes chances, les mêmes circonstances, le même vécu, les mêmes perceptions, que tout les paramètres soit parfaitement identiques.
Nous sommes égaux en droit mais sommes nous identique pour autant ? Non bien sûr, l'un est plus sensible à cela, l'autre a déjà une expérience qui vient l'aider ou le limiter dans son œuvre, une telle s'est blessée, l'autre a bénéficié d'un concourt de circonstance. Les vies sont trop complexes pour être comparées.
Pour comparer il faudra évaluer un certain nombre d'informations et en exclure d'autres puis poser un jugement. La simple exclusion d'informations rond toute possibilité d'une comparaison valable, j'entends par ceci juste.


Le jugement :
  • De ce fait qui pourrait objectivement juger ma vie et mes actes ? Qui pourrait me connaître suffisamment en profondeur pour réaliser un jugement juste qui prenne en compte l'ensemble des paramètres qui m'ont influencé. Certainement pas un être humain,  j'en suis incapable pour moi même alors un autre...
  • Avant de prendre la moindre décision, je m'aperçois systématiquement de mon impossibilité à connaître ses conséquences complètes, c'est à dire ses conséquences sur moi-même, sur les autres pour aujourd'hui et pour l'éternité. D'autant plus si la décision est importante et complexe.
  • Le bien est le bien si et seulement si il procurerait du bien à celui qui l'accomplit, à ceux que l'acte touche de près comme de loin aujourd'hui et pour l'éternité. Cela rend la frontière entre le bien et le mal bien mince. 
  • Les choix que j'envisage ne sont pas tous les choix possibles  car je suis bien incapable de les percevoir tous. Mes pensées, mes pulsions, mes perceptions, mes sensations, ne sont pas sous mon contrôle. Elles m'appartiennent certes, mais je ne peux que constater leur apparition, pas les empêcher de survenir. Certes, je peux les contrôler, les réprimer, les suivre, les encourager ect...mais leurs apparitions sont antérieures à ma conscience. En suis-je responsable de ce fait ?
Pour des raisons sociétales, que je ne remet pas totalement en cause mais qui aurait besoin d'un rafraîchissement, nous avons fait l'impasse sur ces faits mais il reste qu'il nous est en réalité impossible de juger une pensée, une décision, un acte.
Et si je ne peux juger une décision que j'ai prise. Alors juger celle d'un autre n'est pas envisageable.
Toute culpabilité est une erreur de jugement. Tout jugement comporte inévitablement une part d'erreur. La responsabilité se limite à notre marge de manœuvre et sa limite nous est inconnue.
Le bonheur :

Prenons comme référence le bonheur, comment puis-je mesurer le bonheur d'un autre. A la largeur de son sourire ? A son humour ? A sa sociabilité ? Est-ce impossible de trouver le bonheur seul dans son coin ? Comment mesurer mon propre bonheur ? Je suis capable d'être heureux et malheureux dans la même seconde. Puis-je être certain que tel "clochard" est moins heureux que tel "richard"?



L'argent :

Soyons de notre siècle et prenons pour juger la vie d'un autre, la quantité de bien qu'il a amassé, son compte en banque, sa belle voiture, sa belle femme, son beau parti, ses beaux enfants, ses beaux cheveux, sa belle montre... tous ce qui est extérieurement visible, en le comparant avec mon expérience personnel, mon compte en banque, mes enfants, ma femme, ma voiture... les seules éléments sur lesquels je puis faire reposer mon jugement sont ce que je suppose que l'autre retire comme bonheur à détenir ces choses.
Cela s'appuie forcement sur le bonheur que je retirerai moi-même enfin que je suppose que je retirerai à détenir ces choses. Plusieurs problèmes apparaissent : Comment puis-je connaître le bonheur que procure des choses que je ne détiens pas ? A mon niveau d'envie de les avoir ? Non bien sûr, il y a toujours un immense différence entre le fantasme et la réalité.
Comment puis-je supposer que cet autre a la même échelle de satisfaction que la mienne ? Est-ce interdit de concevoir que cet homme soit malheureux de rouler en BMW dernier modèle parce qu'il a du vendre sa Ferrari ? Certain ayant tout ce que matériellement peut être détenu, se plaignent tout de même. Et inversement d'autres qui n'ont même pas ce que l'on considère comme élémentaire montre des signes de bonheur. Qui ment ? Lequel est fou ? Lequel des deux à un défaut d'appréciation de son état personnel ? Ils ont peut être raison tout les deux ?
Ils ont sûrement raison, ce sont les seuls qui puissent le savoir. C'est leur vie.


Le bonheur n'est pas un palier que l'on atteint à la suite d'une accumulation de bien, ce serait pratique d'ailleurs vous avez 1.000.000 € sur votre compte = vous êtes heureux. A partir de là, les choses seraient bien plus faciles finalement. Le bonheur est du domaine du ressenti. Il ne peut qu'être vécu, même pas expliqué, même pas partagé, juste vécu. On ne peut envisager celui d'un autre. Il se peut même que certains ne le recherchent pas et que ce ne soit même pas un bon critère de jugement.

Je récapitule :
1/ Il n'y a aucun mode d'emploi à la vie, nous sommes totalement laisser à nous même pour décider du but du jeu, nous sommes libre.
2/ Nous ne pouvons pas juger de nos décisions, de nos choix puisqu'ils ne sont pas totalement sous notre contrôle et que l'on ne peut pas savoir à l'avance, si c'est bien ou si c'est mal.
3/ Nous ne pouvons intelligemment juger la vie d'un autre, nous n'avons aucune référence réelle pour juger notre vie.
Nous ne pouvons objectivement pas rater notre vie :

La vie n'est pas ce que l'on fait, ce que l'on a, ce que l'on est, la vie ne se possède pas, ne se construit pas, ne se détruit pas, elle est un parcourt, un voyage, une aventure.
Certes, vous pouvez au cours de votre vie, faire un certain nombre de choses, mais elles n'ont qu'une importance relative par rapport à la vie elle-même.

La porté de cette révélation est telle. On ne peut pas rater sa vie ! Déposons nos sacs de culpabilité que nous font porter nos religions, nos familles, nos amis, notre société! Chacun fait ses expériences et aucunes ne peut être qualifiées de bonnes ou de mauvaises, il n'y a de but dans la vie que celui qu'on s'impose à soi même. Nous sommes libre, libre de vivre ce que l'on choisit de vivre. Rien ne nous oblige de subir le jugement des autres sur la vie, sur notre vie. Nous sommes libres. Totalement. Tous ce qui nous fait croire le contraire est faux.

Le seul moyen de rater sa vie... c'est de penser qu'on l'a raté.
Yan Siboni
Version original hardworld160907ratésavie?


mercredi 20 août 2014

Abandonner la peur

Lorsque l'on prend le temps de creuser au fond des choses, on s'aperçoit que seul deux causes nous font agir : L'amour et la peur.


A chaque fois que l'on ose regarder en face l'origine de nos actes on y trouve soit de l'amour soit de la peur. Cette expérience nous pouvons tous la faire, à tous moment.
Les enfants savent chercher. Il se suffit de se demander "pourquoi", et lorsque l'on apporte une réponse, tel un enfant on demande encore "pourquoi", même lorsque des "parce que" tentent de couper court à cette percée profonde, ne les acceptez pas et continuez à chercher une réponse.

Bien souvent nous nous apercevons alors que la peur est à l'origine de nos actes. Même un acte de gentillesse peut être en réalité généré par la peur. La peur du lendemain, la peur de mourir, la peur de la douleur, la peur de tout changement, la peur du vide, de l'inconnu, la peur de perdre même s'il n'y a rien à perdre.

Mais cette peur, qui se transforme en angoisse nous poussant à agir dans un sens ou dans un autre, ne s'efface pas une fois que l'on a cédé à son désir, elle s'accroît d'avantage. Pourtant elle n'est fondé sur rien. L'expérience passée ne prédit en rien les expériences futures et ne sont donc pas une base correct de ré-flexion. Le futur lui même n'existe qu'à travers notre esprit, notre imagination. Selon que l'on soit de bonne ou de mauvaise humeur, notre opinion du futur change, selon que l'on soit optimiste ou pessimiste notre appréhension du futur change. Alors pourquoi l'appréhender s'il on ne peut pas réellement le faire. Cette exactement comme lancer une pièce en l'air et dire "pile demain sera une belle journée", "face sera la pire", ou pile "je souris au futur", "face je le crains".


"Qu'est-ce que la peur ? La peur est une émotion d'anticipation. Elle informe l’organisme d’un danger potentiel. Ce n’est pas ce qui se produit dans le présent qui représente un danger, mais ce qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins rapproché. La peur est subjective. L’évaluation du danger est toujours subjective; la peur donc, comme toutes les émotions, est subjective. (...) Dans cette même situation, en effet, un pilote de voiture de course verrait probablement uniquement un défi alors que moi je crains la catastrophe. Cette différence d’interprétation du danger repose sur l’inégalité de notre expérience et de nos habiletés en tant que conducteur. Réaliste ou irréaliste La peur est déclenchée par la perception d’un danger. Cette perception n’est pas forcément réaliste même si celui-ci est vécue comme inéluctable. L’imagination joue un rôle important dans la formation de la perception. L’opération mentale qu’est la perception est constituée de quatre éléments: (1) des faits, (2) des émotions, (3) une production de l’imaginaire et (4) un jugement.

En réalité en faisant cela ce n'est pas le futur que l'on modifie... c'est notre présent ; c'est au présent que nous ressentons l'angoisse pesée sur nos poumons, serrer notre gorge, que nous sentons la peur parcourir notre moelle épinière, jusqu'à qu'une profonde inspiration nous aide à ne pas nous laisser submerger.


En envisageant constamment le futur qui n'est ni réellement, ni concrètement envisageable, on gâche notre instant présent, le seul qui compte au fond, le seul qui existe, le seul que nous vivons.
On ne le vit pas vraiment, car on pense constamment au futur, au passé, mais on ne fait pas attention au moment qui s'écoule. Et en pensant au futur on y glisse des attentes, des attentes de bonnes et de mauvaises choses. Et on recommence à l'appréhender.

Certains jours on s'arrête pendant quelques secondes pour contempler son passé, qui n'existe que dans notre esprit lui aussi, et on se demande pourquoi on a cette impression de ne pas avoir vécu la vie, comment est-elle passé si vite... On ne l'a pas vécu .

Ainsi c'est parce que l'on peut faire confiance à notre corps pour nous avertir du danger imminent que nous pouvons abandonner la peur et lâcher prise enfin. La peur, celle qui est utile pour fuir, et se défendre sera toujours là lorsque l'on en aura besoin.


Mais abandonner la peur comme leitmotiv, ne pas chercher constamment à anticiper, ne pas désirer tout contrôler, et se faire confiance pour le moment venu affronter les difficultés, problèmes et échecs inévitables dans la vie. La vie peut être vécue maintenant, au présent, avec le cœur léger car il ne porte plus les sacs d'angoisses que la peur infondée nous met sur le dos.